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Un autre regard

Une médecine globale


Dossier du Mois
La médecine anthroposophiq
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Pour les anthroposophes, si l’homme a sa place dans la nature, la nature est également présente en lui. Loin d’être un catalogue de recettes toutes faites, la médecine anthroposophique est d’abord un regard sur l’être humain. Elle ne s’oppose pas à la médecine classique.

"La première fois que j’ai ouvert un livre d’anthroposophie, explique le Dr Robert Kempenich, médecin diplômé de cancérologie à Strasbourg, j’étais en première année de médecine. La manière dont alors, il y a près de trente ans, on abordait l’homme à travers les cours d’anatomie, de physiologie, d’embryologie… m’en donnait une vision éclatée et surtout figée. L’ouvrage d’anthroposophie parlait, lui, de l’être vivant, de ce qui l’animait. L’homme fragmenté par la science retrouvait une unité. Ce fut une bouffée d’oxygène qui modifia complètement ma lecture du monde, de l’homme et de la maladie. Depuis ce jour, l’anthroposophie est pour moi l’indispensable complément de la science universitaire. "

Pour avoir une idée de la médecine anthroposophique, prenons un exemple. Qu’est-ce qui donne l’énergie à un bambin de un an pour construire son organisme, vaincre la pesanteur et se mettre à marcher ? Les forces intérieures qui partent du plus profond du ventre – que les anthroposophes appellent le pôle métabolique –, et qui le font se redresser puis s’ouvrir au monde. Que se passe-t-il au contraire chez les vieillards ? Ils se voûtent, leurs yeux se rétrécissent, leurs joues se creusent au fur et à mesure qu’ils perdent de l’énergie. Ils sont soumis à des forces qui les déconstruisent et les ramènent au centre d’eux-mêmes." Il s’agit là d’une simple constatation des faits, poursuit le Dr Kempenich, mais si l’on essaie de voir les idées sous-jacentes à ces phénomènes, un nouveau mode de pensée et de raisonnement cohérent devient alors possible. " Celui-ci permet de comprendre pourquoi les enfants et les vieillards ne font pas les mêmes types de maladies. Les premiers font des inflammations : otite, pharyngite, rhinite… et des maladies éruptives : rougeole, varicelle… car ils sont pleins de " feu métabolique " qu’ils extériorisent. Les seconds font des maladies froides en " ose " : arthrose, ostéoporose… le manque de vitalité et de substance provoque des structures raidies, sclérosées, sous l’influence des forces qui partent de la tête, pôle que les anthroposophes nomment neurosensoriel.

Entre les deux pôles : métabolique (le ventre) et neurosensoriel (la tête), prédominant respectivement dans l’enfance et le grand âge, existe une partie médiane, siège du rythme et du souffle (cœur-poumons), lieu des affections qui touchent d’ailleurs souvent les individus d’âge moyen.Cette tripartition (de l’être humain) existe également chez la plante, dont les racines enchevêtrées ressemblent aux ramifications du tissu nerveux (pôle neurosensoriel), l’axe central, avec des feuilles disposées rythmiquement sur une tige (partie médiane) et un organe floral, lieu de la reproduction (pôle métabolique) à l’image du pôle métabolique humain. Dans leur pratique, les médecins anthroposophes veilleront à tenir compte de ces analogies. Et une même plante soignera différents maux selon qu’on utilisera l’une ou l’autre de ses parties. Par exemple, l’usage de Chamomilla, bien connue en homéopathie pour soulager les maux de dents des enfants, sera étendu. Ses racines (Chamomilla radix) seront employées dans les cas de céphalée et ses fleurs (Chamomilla flos) serviront dans les spasmes intestinaux comme les colites.En fait, l’intérêt des anthroposophes pour telle ou telle substance végétale, animale ou minérale s’inspire des liens qui existent entre la substance considérée, son rôle dans la nature et ce qui se passe dans l’intimité de l’homme.

Car si l’homme a sa place dans la nature, la nature est également présente en lui. Prenons l’exemple du quartz dont chacun connaît la transparence, la dureté ainsi que les formes très marquées et ciselées. Il est normal pour les anthroposophes que les forces qui s’expriment dans les formes cristallines du quartz que l’on trouve dans la nature jouent, dans l’organisme, humain, un rôle de structuration et de maintien de la forme. Rien d’étonnant à ce que l’on retrouve des traces de quartz (sous forme de silice) dans la peau, la matrice extracellulaire et les membranes qui entourent les organes (péricarde, péritoine). De même, ce minéral transparent transmet la lumière : on le retrouvera dans le cristallin de l’œil.


Cette présence de l’univers dans l’homme est réelle autant en termes de composante moléculaire, de substance, qu’en termes de forces. Ainsi, l’énergie qu’utilise le nourrisson pour se redresser est de même origine (éthérique pour les anthroposophes) que celle qui permet à la plante d’échapper à la pesanteur. Et celle qui occasionne chez l’adolescent et le jeune adulte des réactions : j’aime, je n’aime pas, c’est-à-dire des attitudes d’autonomisation et des sentiments vis-à-vis du monde extérieur…, n’est pas sans analogie avec les forces instinctives qui mettent en mouvement l’animal. Mais l’être humain est le seul capable de langage, de mémoire, de pensée qui lui permettent de dire " Je " et d’agir de façon autonome et responsable. Ne pas reconnaître ces processus d’évolution, ces métamorphoses, qui feront du jeune enfant un adulte, ne pas respecter le temps nécessaire à toutes ces transformations seront des sources de conflits et donc de troubles. " La maladie, disait Rudolph Steiner, est un processus physiologique normal, se manifestant au mauvais endroit au mauvais moment. " D’où l’importance que les anthroposophes, y compris les médecins, prêtent à l’éducation et le fait qu’ils aient tenu à ouvrir des écoles spécifiques plus capables, selon eux, de respecter les rythmes et les besoins de l’enfant (voir fiches pratiques, page 32).C’est dans ce contexte très global que s’inscrit la médecine anthroposophique. Loin d’être un catalogue de recettes toutes faites, elle est d’abord un regard sur l’être humain. De fait, la médecine anthroposophique a commencé de pratiquer la psychosomatique (c’est-à-dire le retentissement des événements psychologiques sur le corps physique) bien avant que ce nouveau concept apparaisse. " Quand un patient vient me voir pour la première fois, explique le Dr Kempenich, je suis bien sûr attentif au motif de la consultation, je l’écoute, je l’interroge quant à sa biographie (son histoire), je l’examine et je tiens compte des données de la médecine scientifique universitaire. Mais également, tout en l’observant sous l’angle de la tripartition (régions neurosensoriel, rythmique et métabolique), j’essaie de percevoir les qualités minérales, animales et individuelles, celle du "je", qui émanent de sa personne, au travers de certains signes : la morphologie et la stature, la plus ou moins grande vitalité, la façon de se déplacer, et la qualité des mouvements, la tonalité de la voix et la manière de parler… De même, les éléments terre, eau, air ou feu s’expriment différemment selon les maladies. Il faut y être attentif. Par exemple, les écoulements et le suintement des muqueuses lors d’une rougeole, montrent que l’élément eau est prédominant. Dans la coqueluche, l’enfant est aux prises avec l’élément air. Tandis que dans la scarlatine, fièvre et rougeur soulignent l’élément feu… "Le traitement proposé tiendra compte de l’ensemble de ces données et les mettra en analogie avec l’image d’un ou de plusieurs remèdes issus de la nature. La relation intime qui s’établit entre la substance remède et les processus internes perturbés dans la maladie permet à l’organisme de retrouver un nouvel état d’équilibre, c’est ce que les anthroposophes appellent guérison.Bien développée en Allemagne, puisque les étudiants en médecine ont le droit d’effectuer leurs stages dans des hôpitaux anthroposophiques, et en Suisse (voir reportage, pages 20 et 21), la médecine anthroposophique est peu connue en France. Et peu pratiquée. Environ 250 à 300 médecins sont engagés dans cette approche. Une centaine d’entre eux prescrivent régulièrement les médicaments de l’anthroposophie dont l’Iscador (ou Viscum album) utilisé dans les cas de cancer. Mais une quarantaine seulement travaillent selon les concepts de cette médecine. Sans doute, parce que ce type d’approche nécessite un esprit à la fois d’analyse, d’observation et de rigueur !

Cécile Baudet impatient@medecines-douces.com

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